1er avril.
Non, ce n’est pas un poisson d’avril. Aujourd’hui Donald Trump a enfin reconnu la gravité de la situation en annonçant le nombre de morts prévu aux Etats-Unis, soit 240.000. Cela est bienvenu surtout suite à son insistance de ces dernières semaines pour que le commerce et le marché soient les moins perturbés que possible. Apparemment le coût humain importe peu.
Aux Etats-Unis, on compte déjà 20% du nombre de cas recensés dans le monde, mais pour l’un des pays les plus riche, leur réponse reste faible et chaotique. En prenant en compte que la Chine n’a déclaré aucun nouveau cas le 19 Mars, quelles leçons peuvent tirer les nations capitalistes des autres pays en ce qui concerne leur gestion de crise ? En comparant la réponse des Etats-Unis à celle des pays avec les économies planifiées centralisées, maintenant plus que jamais le capitalisme de l’Occident se révèle insuffisant.
Je ne prétends pas que le service de santé nationalisé du Royaume-Uni est parfait, surtout après sa destruction systématique pendant des années d’austérité, mais pour nous, les Britanniques, le système privé de santé aux Etats-Unis est incompréhensible. 8% d’Américains environ n’ont aucun assurance maladie. Énormément sont ceux dont le régime ne couvre qu’une petite proportion de leurs frais médicaux. The New Scientist cite un homme de Florida, contraint de payer 1.400 USD pour se faire dépister pour le COVID-19, alors qu’il a déjà souscrit une assurance maladie. Sans compter les milliers d’Américains dont les employeurs fournissent une assurance médicale mais qui se trouvent sans emploi actuellement. Il va sans dire que le coronavirus va plus gravement toucher la classe ouvrière, et que cet écart sera accentué par un système privé de santé.
En situation de pandémie, la réponse d’une société si inhabituée au collectivisme et à l’intervention de l’Etat apparaît rapidement faible et insuffisante. Pour le constater, il suffit de comparer la réponse occidentale avec celle de la Chine. La construction d’un hôpital de 1.000 lits à Wuhan, et d’un deuxième avec 1.600 lits en moins de deux semaines, était seulement possible grâce aux 20.000 travailleurs de l’entreprise publique. Il est difficile d’imaginer un tel exploit dans l’Ouest capitaliste, où la compétition entre les entreprises rendrait impossible la mobilisation d’une telle main-d’oeuvre unifiée. L’idée de construire quelque chose sans être motivé par le profit est un concept totalement étranger aux Etats-Unis et à l’Europe.
Ce n’est pas à dire que le gouvernement chinois soit un exemple brillant du socialisme, loin de là. Mais cette situation illustre à quel point la propriété publique de la production est plus efficace en de pareilles circonstances.
On a également pu observer une solidarité internationale des nations socialistes. L’envoi par Cuba de milliers de médecins autour du monde – y compris, la semaine dernière en Italie – était monumental, et cela malgré l’incitation des Etats-Unis à refuser l’aide de Cuba.
La Chine a aussi, bien sûr, envoyé énormément de l’aide partout dans le monde, y compris en Italie. Cela contraste avec la réponse plus lente de l’UE, selon The Wall Street Journal : « Plusieurs se sentent déçus par l’UE… aucun autre pays n’a répondu à l’appel italien plus tôt en Mars, et les pouvoirs allemands ont entravé la livraison des fournitures médicales en Italie. »
Il se peut que, malgré toute sa collaboration internationale, l’UE entrave la prise de mesures efficaces exigées par le coronavirus.
Les réactions populaires sont peut-être plus pertinentes que les réponses gouvernementales. Une infirmière américaine à Hong Kong avec Médecins sans Frontières raconte à la BBC que le confinement est beaucoup plus respecté là-bas. Elle dit « Je pense qu’aux Etats-Unis, les gens sont si individualistes – il va être plus difficile pour nous de renoncer à notre liberté » Déjà on a vu l’Occident un peu plus réticent à suivre les mesures de confinement. Aux Etats-Unis une méfiance générale de l’intervention de l’Etat ne facilite pas cette démarche.
L’absence de directions claires n’aide pas, avec un gouvernement qui n’arrive pas à s’accorder sur une ligne commune.
Un changement de l’opinion publique autant qu’en politique semble s’imposer : un mouvement de libertarianisme en collectivisme est nécessaire. En ces temps de crise, l’individu n’est rien sans la lutte collective pour la survie.
L’absurdité de l’insistance capitaliste que les propriétaires et millionnaires sont « essentiels », est dévoilée. Le peuple se rend compte que ceux qui sont vraiment nécessaires sont les ouvriers, les caissiers, les médecins et les infirmiers. Avec une opinion publique qui change et une agitation croissante (liée au fait que beaucoup se retrouvent sans emploi), il ne semble pas probable que nous revenions à la situation antérieure.
Nous espérons pouvoir affirmer, une fois que nous aurons retrouvé la normalité, que le socialisme nous a sauvés. Pour cela, il faut que l’Orient ravale son orgueil et s’inspire des économies centralisées où les besoins publics l’emportent sur le profit.
Hannah Phillips